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La marque Hermès, ce sont aujourd’hui seize catégories de produits, du prêt à porter femmes et hommes aux parfums et au maquillage, de la joaillerie bijouterie aux montres et à la maroquinerie. On n’oubliera pas, bien évidemment, le célébrissime Carré de soie et les équipements pour cavaliers et chevaux. La marque parisienne ne peut pas être pour autant qualifiée de « marque de luxe fourre-tout », tant Hermès est fidèle à ses valeurs : le beau et l’intemporel, les matières nobles et le fait-main, un savoir-vivre tout particulier qui en fait une Maison unique depuis sa création en 1837. Autre particularité, comme nous allons le voir, Hermès est d’abord une affaire de famille puisque six générations d’artisans contemporains, comme les qualifie elle-même l’entreprise, se sont succédés à sa tête, jusqu’en 2006. Depuis 184 ans, peut-on lire sur son site, « Hermès suit une double trame, celle du travail minutieux de l’artisan et celle du mode de vie de ses clients ».
Il est vrai que lorsque Thierry Hermès fonde le premier atelier en 1837 à Paris, l’heure n’est pas encore à l’automobile, mais bien aux déplacements en voitures à cheval. Né en Allemagne, apprenti en Normandie, son métier est celui d’artisan sellier-harnacheur. L’homme a le souci du détail et du travail bien fait, une récompense à l’Exposition universelle de Paris en 1867 attire dans son atelier de riches clients, dont Napoléon III et l’impératrice Eugénie. Les harnais et les selles sur-mesure de la Maison Hermès, avec ses points de couture à la main, utilisés aujourd’hui encore, construisent sa réputation. Et l’entreprise saura de tous temps conserver cet esprit d’excellence et de créativité. Cela est vrai avec Charles-Emile, fils de Thierry, qui reprend les rênes en 1878 et ouvre les portes de la maroquinerie, créant notamment le sac O à courroie, pour ranger les bottes des cavaliers – et qui dans une version « miniaturisée » deviendra le célèbre sac Kelly. L’essor de l’industrie du bagage n’échappe pas plus à la troisième génération. Adolphe et Emile Hermès vivent eux aussi avec leur temps. D’un voyage au Canada, le second ramène en France le brevet du « ferme-tout », autrement dit de la fermeture éclair, dont il a obtenu l’exclusivité pour deux années. Le petit-fils du fondateur diversifie l’activité de la Maison en créant un premier blouson de golf, en 1925.
Aux lignes de vêtements, de sacs et d’accessoires adaptés aux nouvelles activités en vogue, la plage, le golf et le ski par exemple, Hermès transpose tout son savoir-faire issu du cheval et de l’équitation, dont le fameux point sellier. Et puis, en 1937, la modéliste Lola Prusac, qui s’illustre déjà avec ses collections de vêtements de sports, crée ce qui reste aujourd’hui encore l’emblème de la Maison : le carré de soie. Hermès s’inspire à la fois des mouchoirs imprimés sur lesquels les soldats de la première guerre mondiale voyaient les instructions militaires inscrites, de l’univers équestre et des transports de l’époque (l’omnibus en l’occurrence). L’entreprise confie aux soyeux lyonnais, les canuts, la confection de ses carrés qui exigent chacun 450 kilomètres et 600 heures de travail. Et là encore, le carré va évoluer avec son époque, dans les illustrations comme dans les couleurs, sans jamais démentir son succès. Il s’en vend encore un toutes les trente minutes aujourd’hui dans le monde.
Emile Hermès a eu quatre filles. Epoque oblige, c’est à l’un de ses gendres, Robert Dumas, qu’il confie les rênes de la Maison, en 1951. Sous sa houlette, le grand sac à courroie se fait sac à main, et futur sac Kelly, un croquis de bateaux amarrés en Normandie devient le bracelet chaîne d’ancre. La Maison Hermès s’ouvre à la parfumerie, puis aux vêtements de prêt à porter en 1967. Hermès s’entoure des meilleurs experts de leurs domaines, maîtres parfumeurs, soyeux, stylistes, mais aussi décoratrice en la personne de Leïla Menchari qui imaginera les vitrines du magasin du Faubourg Saint-Honoré jusqu’en 2013. Cette vocation d’excellence est perpétuée par Jean-Louis Dumas, fils de Robert, chef d’entreprise curieux et visionnaire qui fait entrer Hermès dans le monde de l’horlogerie, puis dans ceux des chaussures, de la cristallerie et de l’orfèvrerie.
Quand en 1992 Hermès quitte le faubourg Saint-Honoré pour installer ses artisans dans de spacieux locaux à Pantin, qui deviendront la Cité des métiers, l’entreprise se distingue déjà dans seize activités. A Jean-Louis Dumas, Hermès doit également sa vocation internationale, avec l’ouverture d’une première Maison à New York. Son fils, Pierre-Alexis Dumas, prend la relève en 2005 et fait notamment du savoir-faire de la Maison, dans la fabrication de bijoux, des lignes de haute bijouterie. Ses successeurs, Patrick Thomas puis Axel Dumas depuis 2013, poursuivent le développement de la Maison Hermès entre tradition, savoir-faire et imagination foisonnante. Le concept-store ouvert en 2010 dans les 1400 mètres carrés de l’ancienne piscine Lutetia, à Paris, en est aujourd’hui encore la parfaite illustration.